Visée professionnelle

Cette formation a pour visée de coconstruire avec les professionnel·les travaillant au sein de structures du Dispositif National d’Accueil (CADA, HUDA, PRAHDA, CPH, service de réinstallés) une démarche d’accompagnement et des outils permettant la formalisation puis la mise en œuvre du projet personnalisé des résidents en contexte contraint et problématique. La formation peut être complétée d’une réflexion plus large autour du développement du pouvoir d’agir des personnes exilées.

Il s’agit de permettre l’appropriation par les professionnel·les et les résidents d’un outil réglementaire (Cf. loi 2002-2) en menant une réflexion sur le sens du projet personnalisé. La formation peut ainsi contribuer à renforcer la qualité de l'accompagnement en répondant aux spécificités des demandeurs d’asile, des bénéficiaires d’une protection internationale, des réinstallés et des déboutés, dans un contexte où les temporalités de l’accompagnement s’avèrent de plus en plus restreintes et appellent, de manière substantielle, au développement d’un réseau partenarial pour répondre à la complexité des situations.

La formation vise ainsi à outiller les professionnel·les, dans une perspective réflexive et éthique, autour des enjeux du projet personnalisé, qu’ils soient réglementaires ou en lien avec les facteurs personnels des personnes accompagnées et les facteurs structurels qui contraignent les projets (obstacles administratifs, contexte social, etc.). Cette visée inscrit le projet d’accompagnement dans un parcours de vie et dans une perspective éthique qui respecte la dignité des personnes accueillies sans faire fi des contraintes qui s’imposent au fonctionnement des structures du Dispositif National d’Accueil (DNA).

Personnes concernées et prérequis

Professionnel·les de l’association concerné·es par l’élaboration du projet personnalisé des personnes accueillies

Si vous êtes en situation de handicap, indiquez-nous vos besoins lors de l’inscription

Objectifs opérationnels

Donner du sens au projet personnalisé au sein des structures du DNA

Elaborer une démarche commune et partagée permettant la mise en œuvre du projet personnalisé

Coconstruire un ou plusieurs outils permettant la mise en œuvre du projet personnalisé

Contenu

Séance 1 : Repères juridiques et réglementaires autour du projet personnalisé (7h)

Les principes fondamentaux de la loi de 2002-2 :

• Des fondements de l’action sociale et médico-sociale (art 1 à 6)
• Des droits des usagers de l’action sociale et médico-sociale (8 à 13)

La loi de 2002, obligation de moyens ou de résultats ?

Les obligations qui incombent aux établissements sociaux et médico-sociaux relevant de la loi de 2002-2 :

• L’enjeu de l’évaluation
• La démarche qualité

Les conséquences potentielles de l’inexécution de la loi 2002-2 pour les établissements sociaux et médico-sociaux (à court, moyen et long terme)

Les outils de la loi 2002-2

Le projet personnalisé : un droit ou une obligation ?

Articuler projet de séjour et projet personnalisé

• Clarifier les définitions : Contrat de séjour, DIPC, Projet personnalisé
• Contexte et enjeux
• Points de vigilance
  • Qui est concerné ?
  • Repères juridiques

Réalisation d’un diagnostic partagé sur la mise en œuvre du projet personnalisé  : quels outils ? quelle démarche ? quelle appropriation par les professionnels et les résidents ? ce qui fonctionne et ce qui reste à questionner ?

Intervenant·es : CASSAGNES Marie et EL HILALI Khalid

Séance 2 : Interrogations autour du sens du projet personnalisé en contexte contraint (7h)

Repères sémantiques autour du projet : Apports théoriques autour des différentes formes de projet

Projet personnalisé et contraintes du Dispositif National d’Accueil :

• Le projet personnalisé : un projet de sortie ?
• Inscription du projet personnalisé dans le projet de vie : permettre l’expression des désirs (qui deviennent alors des demandes) et penser le projet de vie en dehors du temps de l’accompagnement au sein du DNA
• En appui du cahier des charges des structures du DNA :
  • permettre l’expression des besoins repérés par les personnes accompagnées (qui deviennent alors des attentes) et y apporter une réponse en termes d’accompagnement, d’orientation ou de conseil (poser les limites de l’accompagnement)
  • proposer des axes d’accompagnement aux personnes accueillies (dimensions sociales, sanitaires et administratives) pour répondre aux besoins repérés par les professionnels
• permettre le croisement des points de vue, entre savoirs expérientiels et savoirs professionnels

Projet personnalisé et approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir :

• Analyser les besoins/attentes et établir un diagnostic partagé : repérer avec la personne les éléments de contexte, les acteurs concernés et impliqués et leurs enjeux
• Formaliser des objectifs précis : Accompagner la problématisation : co-élaboration de ce qui fait problème et/ou de ce qui est important pour la personne ici et maintenant
• Mettre en place un plan d’actions concrètes : co-construction des actions envisagées et réflexions sur les rôles de la personne accompagnée (acteur/auteur) et du travailleur social (passeur) dans la mise en œuvre des actions
• Mettre en œuvre une démarche de co-évaluation : soutenir une démarche de conscientisation pour ancrer les réussites et ajuster le projet

Séance 3 : Valoriser les savoir-faire des personnes exilées par le récit de vie (3.5h)

Cet atelier a pour objectif de permettre aux travailleurs sociaux d’expérimenter des outils biographiques et narratifs qu’ils pourront ensuite mobiliser auprès de leurs bénéficiaires. L’enjeu est de favoriser la reconstruction identitaire après un parcours migratoire, de valoriser les savoirs et compétences préexistants, et de mettre en lumière la capacité d’agir dont les personnes ont déjà fait preuve dans leur pays d’origine, souvent sans appui professionnel. L’élaboration de récits, guidée par des outils issus des approches biographique et narrative, soutient cette reconstruction identitaire, renforce l’estime de soi et nourrit le sentiment de pouvoir agir.

Présentation des approches biographiques/narratives : pourquoi sont-elles pertinentes en contexte migratoire ?

Objectifs de la mise en récit : reconnaissance, reconstruction, valorisation.

Outil 1 : Ligne de vie "ressources et défis"

• But : retracer les moments-clés (positifs ou difficiles) en identifiant les compétences mises en œuvre.
• Consigne : chaque participant réalise sa propre ligne de vie simplifiée avec 4-5 événements marquants. Pour chaque moment : quelles compétences ? quels savoir-faire ?
• Comment cet outil peut aider un bénéficiaire à voir ce qu’il a déjà su faire seul ?

Outil 2 : L’arbre de vie (narration positive)

• But : reconnecter la personne à ses forces internes et à ce qui a fait sens pour elle dans son pays d’origine.
• Structure de l’arbre : racines (origines, valeurs transmises), tronc (qualités personnelles, savoir-faire), branches (projets, espoirs), feuilles (personnes importantes), tempêtes (épreuves vécues, facultatif)
• Comment cet outil peut-il restaurer l’image de soi d’un demandeur d’asile ?

Outil 3 : Cartes ou photolangage sur les compétences du quotidien

• Support : cartes illustrant des scènes de la vie courante (cuisiner, gérer un budget, éduquer un enfant, travailler la terre, etc.).
• Activités : tirer une carte, raconter une situation de la vie passée liée à cette compétence, identifier les ressources personnelles mobilisées.
• Comment cela peut-il aider un bénéficiaire à se sentir reconnu dans ses savoir-faire "invisibles" ?

Séance 4 : Le projet comme support à une posture de « passeur » ou de « facilitateur » (3.5h)

Consolider la posture du passeur en proposant, de manière structurée et institutionnalisée, un parcours permettant aux personnes accompagnées d’acquérir une connaissance suffisante du système français.

En appui de situations concrètes où les professionnel·les ne peuvent répondre aux demandes/attentes des personnes (ex : recherche un logement social dans des délais restreint dans une grande métropole) :

• Repérer des thématiques récurrentes (ex : accès au logement) pour lesquelles les personnes auraient besoin d’acquérir des connaissances plus pointues pour effectuer, en dehors de l’accompagnement social, des démarches de manière autonome (ex : effectuer une demande de logement social dans une grande métropole)
• Elaborer des modalités d’animation d’ateliers collectifs adaptés aux spécificités du public (en appui d’une méthode d’ingénierie pédagogique)
• Elaborer des supports adaptés au public qui permettent de garder trace des ateliers et de constituer, pour chaque résident, un portfolio « autonomie »
• Penser l’institutionnalisation et l’organisation de ces ateliers
• Intégrer ses ateliers au projet personnalisé

Séance 5 : Co-construction d’une trame de projet personnalisé et d’outils (7h)

Présentation de trames de projet et d’outils mobilisés dans le secteur social et médico-social

En appui de l’ensemble des réflexions menées qui auront été synthétisées par l’intervenante CASSAGNES Marie :

• Elaboration d’une trame de projet personnalisé opérationnelle avec une trame souple mais rigoureuse
• Elaboration d’outils (cartographie des besoins, cartographie des partenaires mobilisés, fiches de suivi, grilles d’évaluation, facilitation graphique, etc.)

Méthodes et moyens pédagogiques

Réflexions collectives

Apports de connaissances juridiques, techniques, pratiques, théoriques

Ateliers collectifs pour coconstruire des outils de travail

Dispositif d'évaluation

Questionnaire de recueil des attentes avant stage

Questionnaire d’évaluation des connaissances avant stage

Bilan qualitatif des réflexions menées au fil des séances

Production d’outils et de trame de projet personnalisé

Questionnaire d’évaluation des connaissances après stage

Questionnaire de satisfaction remis aux stagiaires et au commanditaire à l’issue de la formation